Le désordre est la chose la plus simple de ce monde car il n’obéît qu‘à
une seule loi : l’espace vital. Tout dans le désordre ne tourne autour
de cette notion. L’espace vital est le centre de gravité de l’anarchie.
Prenons un cas concret, même si, nous sommes d’accord, l’exemple n’a
jamais fait la règle. Dans mon appartement de 50m carré, tout se passe
autour d’environ 2m carré (emplacement du bureau sur lequel j’ai posé
mon PC). À travers un apparent chaos, on peut trouver une hiérarchie
relativement stricte, tout d’abord, sur le bureau, se trouve tout ce
dont j’ai besoin à porté de main : livre de notes, clopes, briquet,
nécessaire de dessin, télécommande TV, colle et autres ustensiles de
papeterie. Ça, c’est le premier cercle d’éléments gravitant autour de
mon espace vital. Ensuite, autour de ma chaise de bureau, par terre, se
trouvent les choses utiles à ma concentration, et dont j’ai besoin pour
travailler sur plusieurs heures. Ces éléments sont généralement d’ordre
alimentaire (bonbons, bouteilles de liquide en tout genre, boites de
kebab et sandwichs) mais on trouve aussi des éléments servant à nourrir
mon esprit (BD, ouvrages, cd ..) et le cendrier qui ne rentre dans
aucune de ces deux catégories (bien qu‘il ait été anciennement une
boite de kebab).
Plus loin nous trouvons, à peu près à un mètre de la chaise, la
troisième vague d’objets en gravité, les restes… ce sont les bouteilles
vides, les boites, les poches, les paquets de cigarettes, et diverses
choses utilisées dans mon espace vital mais qui n’ont plus d’utilité à
portée de main. Encore un plus loin, on trouve tout ce que j’avais
besoin, dans mon quotidien, avant d’entrer dans l’espace vital. Cela
peut être à peu près tout et n’importe quoi : vêtements, affaires pour
le travail (le « vrai », celui qui fournit l’argent à la fin du mois),
ouvrages peu utilisés, assiettes, fourchettes, mouchoirs, couennes de
jambon, vieux Posca, cendriers pleins… Bref, tout ce dont je n’ai
aucunement besoin pour dessiner. Au-delà de tout ceci, nous pouvons
trouver d’autres espaces vitaux : il y a celui du canapé directement en
connexion avec celui de la console de jeu, celui de la cuisine (plus
sobre dans le nombre d’objets en gravitation puisque j’y vais très
rarement), celui du lit et des WC. En fait le bordel, c’est un peu
comme un univers où les choses tournent autour d’autres en fonction de
leur importance et de leur taille dans l’espace. Du coup, j’aurais
tendance à dire que le chaos n’existe pas trop mais je doute que les
gens qui rentrent dans mon appartement en disent autant.